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Les stratégies déployées par les animaux et les végétaux peuvent être une source précieuse d’inspiration pour les décideurs : méthode d’apprentissage, gestion de l’énergie, capacité d’adaptation à un environnement. En s’inspirant des écosystèmes et en dialoguant avec eux, en appliquant les principes fondateurs du bio-mimétisme, ils trouveront des trésors d’ingéniosité à portée de main. Paul Boulanger est consultant et accompagne entreprises et territoires vers des modèles résilients. Dans ce manuel dense et pédagogique, il apporte de nouveaux éclairages sur la manière de penser une stratégie et une organisation. Telle est la pierre angulaire de ce livre. Une promenade dans la toile du vivant notre allié précieux, et une plongée didactique dans le fonctionnement des écosystèmes.
2 DÉFIS À RELEVER POUR LES ENTREPRISES
Tout est parti du constat auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. Le danger de dépasser certaines limites planétaires est là : comment faire émerger des clés de compréhension du monde qui nous entoure pour mieux nous y intégrer de façon pérenne. 2 défis émergent rapidement pour les décideurs : mieux appréhender les impacts de leurs activités sur la biosphère et leurs interdépendances tout en évoluant dans un environnement de plus en plus complexe et incertain qui rend chaque décision difficile. S’adapter, anticiper, en un mot être agile : voilà le nouveau mantra.
3 MESSAGES À FAIRE PASSER
Toutes les activités humaines dépendent de la santé et de la productivité de la planète. Renouer avec le vivant, c’est souscrire une assurance-vie. Les entreprises gagneraient à se concentrer davantage sur leurs ressources propres et les liens de coopération avec les acteurs de leur écosystème dans leur pilotage stratégique. Les managers de demain seront des permaculteurs à l’écoute de leur organisation et de leur environnement.
9 PRINCIPES À APPLIQUER
En s’appuyant sur 9 principes incontournables, ce livre puzzle propose une redécouverte audacieuse et impactante de notre écosystème.
La pertinence exige que chaque espèce trouve sa place ; le bon endroit au bon moment. Un premier principe qui nous rappelle que rien n’est définitif, que le terreau mouvant de la nature est voué à des dépendances et des alliances Le lièvre d’Amérique constitue la proie de prédilection du lynx. Leurs cycles de population sont étroitement liés. Pour durer, une activité doit être comptable de l’ensemble de ses impacts : une espèce qui épuise ses ressources disparaît. En entreprise, mieux vaudra donc travailler le ‘et’ au lieu du ‘ou’.
La créativité est le moteur de la vie, ce qui en fait un second principe incontournable. Introduire de l’aléatoire, changer de scénario, se réinventer par l’erreur. Quand un milieu se modifie, adaptez-vous ! Soyez le Darwin de votre organisation ! En étant prêt au changement, en faisant du neuf avec du vieux, en accueillant la sérendipité comme une voie à l’innovation, ne vous isolez pas. Le renard polaire change de pelage au fil des saisons : blanc/bleuté en hiver et brun/blond l’été : il s’acclimate. Soyez rusé comme lui, apprenez des erreurs et favorisez un terreau fertile au sein de votre entreprise.
L’énergie est au cœur de tout système. Notre quête à tous, humains et non humains, est de la préserver, de lutter contre son gaspillage. Le 3ème principe de pondération a trouvé sa raison d’être. L’entrepreneur veillera à réduire la voilure le cas échéant. Mettre un projet sur pause peut aussi être salutaire à l’image de la marmotte et de l’ours qui trouvent dans l’hivernation un bon moyen de recharger les batteries au fond des tanières.
Pour perdurer dans le temps il faut transmettre : dans la nature on observe 2 stratégies de reproduction : celle du tout ou rien comme pour le saumon rouge (espèce sémelpare) qui ne se reproduit qu’une seule fois ou celle logique du petit poucet et ses nombreux cycles (espèce itéropare) propre à la majorité des espèces animales. L’entrepreneur veillera à bien doser l’investissement dans chacun de ses projets.
Dans cette tapisserie foisonnante tout est question d’interdépendance : on grandit mieux par et avec les autres. Il en va de la nature comme des stratégies d’entreprise, cela dépend du contexte. Attention ! Être dépendant c’est être vulnérable : le koala a perdu 80% de son habitat naturel alors que son mets principal est l’eucalyptus. Au sein d’une entreprise quelles sont les conditions idoines pour une coopération réussie ? La complémentarité des ressources, la conjonction des besoins sur des cycles ajustés et un coût acceptable.
Pour éviter les accidents, il est judicieux d’adopter le principe d’intégrité. Piloter un risque c’est savoir détecter les signaux faibles, poser un diagnostic et un système de réparation. Dans la nature la stratégie sera d’abord l’évitement, la tolérance et enfin la résistance. Aux entrepreneurs d’être vigilant Une tactique qui fait ses preuves ? S’en sortir grâce aux autres.
La grande toile du vivant est renforcée par la multifonctionnalité des espèces qui la composent. La diversité qualitative est donc fortement conseillée au sein d’un système, il est bon de promouvoir la différence au sein d’un groupe attelé à une tâche. Cette écologie des idées fertilisera les équipes de concepts novateurs.
Une abeille européenne a plusieurs métiers : elle nettoie, nourrit, maçonne, ventile l’air, joue son rôle de gardienne, butine. Toutes ces actions individuelles au sein d’un collectif. Comment l’entreprise peut-elle s’inspirer du principe d’auto-organisation d’une ruche pour se diriger vers plus d’agilité ? Pour la survie des harengs face aux redoutables otaries, l’organisation du groupe est également indispensable : s’adapter vite, être décidé. Pas de temps à perdre face à la menace : la transmission et la réception d’un signal se fait quasi en temps réel. Une synergie qui permet au collectif de s’organiser de manière permanente par le partage local d’informations. Apprendre à ses salariés à identifier leur micro innovations au quotidien et les inciter à en expérimenter, tel est le secret d’un bon traitement de l’information.
La bio-inspiration nous donne l’occasion de revenir à nos racines, communes à celles du règne animal. Elles nous façonnent et constituent un socle de fondations pour un meilleur apprentissage : le dernier des 9 principes qui réconcilie l’économie et le vivant. Pavlov a fait de ses chiens, des êtres apprenant de leurs erreurs : l’association d’une situation et d’une récompense ou d’une peine. Chaque petite victoire au sein d’un groupe doit être remarquée si vous voulez gagner en efficacité. Mieux élaborer et diffuser les savoirs de vos salariés, augmenter le stimulus sera indispensable. Les orques apprennent la chasse à l’échouage des otaries, particulièrement périlleuse car toute proche des rivages. Par imitation, par répétition, par association, le vivant nous invite à réhabiliter l’apprenant qui acquiert alors gestes et comportements adéquats.
Ce manuel est une initiation claire et didactique qui apporte des réponses concrètes aux enjeux et difficultés que les décideurs auront à affronter pour mener à bien leur transition écologique. De nouvelles grilles de lecture sont proposées par Paul Boulanger, spécialiste de la bio-inspiration. Humilité, souplesse, lâcher-prise, autonomisation sont les principales qualités attendues des dirigeants de demain avec une bonne dose d’assertivité en prime. La façon dont nous imaginons le monde a une répercussion immédiate sur la façon dont on s’en (pré)occupe.
Homo sapiens est devenu en permanence insatisfait : son striatum niché sous le cortex lié au circuit de la récompense ne cesse de le faire cavaler vers toujours plus d’innovation, de créations, de besoins : en somme, de perturbations. Penser ‘mieux’ à la place de ‘plus’, adopter la technique du lézard qui autorégule sa température corporelle sous le soleil de Provence, cultiver l’espérance et l’espoir : cette énergie vitale essentielle à un changement de paradigme. Le temps presse. Pourquoi ne pas s’inspirer des modes de fonctionnement que des systèmes complexes ont inventé depuis 3,8 milliards d’années et chausser enfin de nouvelles lunettes de perception ?