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Au Moyen Âge, les procès d’animaux sont légion. À l’époque, ils sont reconnus comme des êtres vivants créés par Dieu, dotés d’une âme et capables de distinguer le bien du mal. Ils sont donc responsables de leurs actes et peuvent être jugés. C’est à Falaise dans le Calvados qu’aura lieu en 1386 le procès d’une truie coupable d’avoir dévoré un nourrisson. Elle sera habillée en femme puis exécutée sur la place publique, pour « donner l’exemple » aux humains … et aux cochons venus assister au spectacle.
De l’eau a coulé sous les ponts de nos croyances, et admettre que les animaux auraient une âme, fait grincer des dents plus d’un cartésien sceptique. De leur côté, les éthologues ne cessent de découvrir l’infinie étendue des capacités cognitives et émotionnelles des animaux tout comme leur sentience. Pourtant, nombre de tortionnaires continuent de leur infliger calvaires et supplices. Considérés très souvent comme des produits pour assouvir nos caprices d’humains, l’animal subit. Pour les défendre, Maître Olivia Symniacos avocate en droit animalier revêt sa robe de battante en femme de conviction déterminée et combative, et débute chacune de ses plaidoiries avec une certitude non négociable : nos frères animaux ont des droits, à elle de les faire respecter. Elle devient une porte-parole engagée avec ce sens du devoir chevillé au corps. Son témoignage ‘ AU NOM DE TOUS LES ANIMAUX’ est un puissant plaidoyer pour que justice soit faite ; c’est aussi une plongée captivante qui nous invite à pousser les portes des tribunaux derrière lesquelles se jouent des destins douloureux, humains et animaux confondus.
Plutôt réservée et timide c’est initialement le métier de juriste en droit des affaires qui lui tend les bras. Et puis, Monsieur Toune rentre et sort de sa vie : un majestueux chat roux , imposant et inoubliable mentor qui lui intime l’ordre silencieux et complice de partir au combat pour tous les animaux ; qu’ils soient à plumes, écailles, ou poils ; qu’il soit chien, python ou phasme. C’est décidé ! Elle deviendra avocate en droit animalier pour porter à la barre la voix de ceux qui n’en ont pas, et faire reculer la cruauté des humains. Ses clients sont des associations de protection animale ou des propriétaires d’animaux victimes de tiers. En nous révélant le dessous de ces affaires portées au tribunal, nous découvrons une femme portée par une force intérieure rare : la loi la rassure, la protège. Le droit animalier est une matière complexe et transversale, en perpétuel mouvement et réclamant de vraies compétences. La science fait évoluer le droit, et les petits pas d’aujourd’hui seront les grandes avancées de demain. Le statut de l’animal détermine la manière dont il sera traité et donc, protégé. Naître lapin c’est avoir plusieurs karmas envisageables : mourir à petit feu dans un laboratoire ou dans un élevage, galoper libre dans l’herbe ou se morfondre dans la minuscule cage d’un particulier. Sauvage ou domestiqué, l’appartenance à telle ou telle sous-catégorie détermine le statut juridique et donc, son degré de protection par le droit. La législation est cruellement cynique : pour avoir une chance d’être bien protégé par la loi, un animal doit être le moins libre et le plus domestiqué possible.
Les animaux de rente sont les grands oubliés et sacrifiés. Tout est fait pour occulter dans l’esprit de celui qui remplit son caddie, le lien existant entre un morceau de viande sous cellophane et l’animal dont il provient. Derrière un éleveur se cache parfois un homme en détresse ou une femme au cœur aussi aride qu’une pierre. Rien n’est binaire, tout s’ajuste, le tout est d’être juste. C’est en 1976 que l’article L214-1 du Code Rural pose les bases d’une vraie politique de protection en reconnaissant que tout animal est un être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. En 1994, le Code Pénal distingue l’animal du bien meuble et prévoit de le protéger pour lui-même. Enfin, la loi du 30 novembre 2021 aggrave les peines encourues pour les délits commis.
La révolution animaliste passera par un changement en profondeur sur notre manière de percevoir notre rapport aux animaux. A l’avocate de marteler qu’un animal n’est ni un produit, ni un outil de production mais avant tout un être vivant doué de sensibilité. La France détient le plus grand nombre d’animaux de compagnie parmi ses homologues Européens mais est aussi, honteuse championne en termes d’abandons. Que disent ces chiffres de notre rapport à ce chiot tant convoité et qui plus tard sera largué sur une autoroute en plein cagnard estival ? Abandonner un chien c’est aussi se désintéresser durablement de son sort ou le maintenir dans des conditions insalubres tranche la justice. : 80% de son comportement est le résultat de son éducation et de son environnement. Un animal ne devrait jamais avoir à assumer une quelconque responsabilité de ses actes et encore moins à les payer de sa vie. Comme la loi le stipule, un animal doit recevoir respect, soins et attention. Ce n’est pas une marchandise.
Cet ouvrage est un outil de sensibilisation percutant, déroutant, bouleversant et unique en son genre. Certaines rencontres avec des prévenus désireux d’être punis pour le mal qu’ils ont causé ne cesseront de lui rappeler que son métier n’a rien de binaire. Il importe de considérer l’animal mais aussi l’humain sur le banc des accusés. La vigilance reste de mise : des études anglo-saxonnes font la lumière sur ce lien entre violence domestique et maltraitance animale ; ces signaux sont autant de diagnostics de troubles de conduites . Ouverture d’esprit et circonspection sont primordiales en ne perdant jamais de vue l’essentiel: où se trouve l’intérêt de l’animal ? Certains mauvais traitements et actes de cruauté sont tolérés par la loi pour satisfaire les caprices supposés supérieurs de l’espèce humaine ; gavages d’oies, chasse en enclos, combats de coqs ou corridas. Notre anthropocentrisme hérité de nos traditions chrétiennes rationalistes régit notre rapport aux autres espèces et nous pousse à hiérarchiser les êtres avec lesquels nous partageons cette planète. Il y a quelques jours, le tribunal de Lille a accordé un préjudice animalier à une chatte retrouvée dans une poubelle après avoir été sauvagement battue à mort par son maître. L’animal a perçu 100 euros de dommages et intérêts pour lui-même, pour l’individu qu’il représente. Une première historique en France.
C’est une femme forte, combative, enragée parfois, déterminée toujours, qui nous délivre ici un message primordial : la protection animale est une chaîne dont le principal maillon reste l’individu lambda dénonçant une maltraitance. Ne pas détourner les yeux est notre responsabilité première face à un être vivant en souffrance, être ‘consommacteur’ c’est aussi prendre sa vie en main au supermarché, sans l’ôter à d’autres. Ce vibrant témoignage met également en lumière l’exceptionnel travail et engagement des associations. Sans elles, rien ne serait possible. Une efficace méthode Danoise pronant des cours d’empathie pourrait voir le jour dans toutes les écoles françaises afin de lutter contre le harcèlement scolaire. Espérons que l’ouverture des chakras saura inclure d’autres espèces que la nôtre. En attendant nous pourrons compter sur des âmes justes et vibrantes à l’image de Maître Olivia Symniacos femme au grand cœur et au verbe haut, qui tout en sillonnant la France continue de prendre la parole au nom de tous les animaux en souffrance .