POUR ÉCOUTER LA CHRONIQUE, C’EST ICI !
En se penchant sur le parcours et les témoignages de 10 jeunes acteurs militants œuvrant d’arrache-pied pour la défense des animaux, Camille Brunel nous délivre un message fort et inspirant. Voilà un ouvrage très bien pensé qui ouvrira consciences et envies de faire bouger les lignes. 10 portraits qui forcent le respect ; le monde de demain se construit par nos actions d’aujourd’hui. « CES JEUNES QUI DEFENDENT LES ANIMAUX » nous montrent la voie. Comment transformer la colère et le sentiment d’impuissance face à ce que l’homme fait subir à l’animal, et surtout de quelle manière pouvons-nous recycler cette énergie fossile qui ronge l’âme et laisse un corps exsangue de forces ? Alors qu’au contraire l’espoir lui est durable : soutenu par l’action. Qu’elle que soit la forme choisie : sur le terrain ou en prenant la plume comme d’autres prennent la parole. Ces 10 colibris au plumage de courage n’hésitent pas à s’opposer, parfois au risque de leur intégrité physique. Le chant des animaux ne doit jamais cesser de résonner : la relève est là pour s’en assurer.
Chaque portrait débute par la genèse, le déclic, ce jour où la conscience de Avigaïl a basculé pour s’engager auprès d’ Animal Testing, luttant pour l’abolition de l’expérimentation animale en prônant des alternatives face à tant de souffrance. Son parcours, une association mise en avant, des chiffres qui font froid dans le dos. Son indignation, sa détresse durant son stage pendant des dislocations cervicales de poulets la feront passer du côté non obscur de la colère constructive. Ce qu’elle a vu, tout le monde doit en être informé. Le principe même de la transmission. Il en va de même pour Keely qui n’hésite pas à faire barrage de son corps dans la forêt de Compiègne quand l’hallali résonne comme une mort annoncée, ni juste, ni équitable, brutalement sordide pour l’animal traqué. Spectatrice, elle tente de se mettre à sa place, lui qui est sur le point de perdre tout ce qui le constitue. Ses bois, sa forêt, sa vie. Actrice, elle rejoint les lanceurs d’alerte et en dépit des traumatismes, la difficulté permanente sera de ne jamais céder à la colère. Rester proche de l’animal, dans l’empathie, avant tout. Sans interagir avec lui. Faire les choses dans la légalité pour rester crédible sans risquer d’encourir peines et amendes. Car l’entrave à une chasse à courre est un délit. Pour faire évoluer les lois en France, il faut l’aval du Sénat or celui qui le préside est chasseur. Nous comprenons alors qu’il faudra beaucoup de Keely sur terre pour que continue de résonner le brame matinal du cerf.
Andrew lui, suit les traces de son père Chanee dans la réserve de Kalaweit à Bornéo pour redonner le goût de vivre à des gibbons en piteux état suite au trafic et au braconnage. Le sanctuaire entretient des liens étroits et forts avec les villageois, la clé pour mener à bien ce genre de mission. L’équation est simple : pour maintenir un écosystème en bon état il faut protéger les espèces qui en font la richesse. Aujourd’hui la protection des animaux sauvages s’oriente de plus en plus vers l’animalisme, les animaux sont protégés au titre d’individus, et non plus d’espèces. Le Parti animaliste a lui aussi besoin de cœurs vaillants et d’une jeunesse engagée pour porter haut l’étendard du combat. Le Campus Animaliste délivre les clés de la philosophie, de la rhétorique, de la politique, du droit et de l’éthologie : un kit précieux pour être le plus performant possible sur les marchés en tractant, ou sur une estrade face à un public. Un premier concours de plaidoirie verra le jour en 2022 : les mots sont des armes, notre logos se doit de rendre visibles les animaux, pas uniquement de les protéger.
Le changement passe aussi par nos assiettes ; cependant il est difficile de lâcher nos attitudes et nos petits plaisirs qui transitent par tant de souffrance. Alice dès l’âge de 10 ans commencera à justifier son engagement auprès d’adultes sceptiques. La France s’illustre piteusement au 1er rang des pays Européens en nombre d’abandons d’animaux de compagnie : Mathilde et Nicolas portent le combat contre ce fléau. C’est en ressortant d’un refuge qu’aboiements, solitude glaciale ou regards plein d’un espoir impossible continueront longtemps de les hanter du haut de leur jeune âge. Violette et son nom gracile de fleur n’hésite pas à battre le pavé pour les animaux aux cotés de L214. Interpeller le passant dans la rue pour l’informer de ce qu’il ignore. Du haut de ses 10 ans Paola hurle son dégoût de la corrida pour One Voice. Sa voix ne faiblit pas, elle crie son opposition et puise dans sa rage, force et détermination. « Je suis tellement en colère que je suis toujours en forme » dit-elle. Les baleines ont elles aussi leurs anges gardiens, à l’ouest de Madagascar incarnés par Maeva et Alida. Pour sensibiliser il faut impérativement informer. Même si la tendance à polluer est mondiale, l’écologie est loin d’être une évidence. Protéger les cétacés c’est avant tout les connaître, savoir à quel point ils nous ressemblent : c’est aussi apprendre à vivre avec.
« CES JEUNES QUI DEFENDENT LES ANIMAUX » est à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 10 ans. Outil pédagogique indispensable, documenté avec précision, explicite, instructif, foisonnant et percutant, il alimente notre colonne d’air : cela tombe bien, nous en manquions. Chaque chapitre donne la voix à un combat, appuyé par une mise en page claire, des chiffres vertigineux. Camille Brunel revêt pour l’occasion sa casquette de journaliste en donnant des pistes à tous ceux qui voudraient s’engager pour les animaux, ne sachant pas toujours par où commencer. L’auteur lui-même fervent protecteur du monde animal, devient passeur de témoins à ceux qui la foi chevillée au corps ont trouvé une bonne raison de se lever chaque matin.
3,8 milliards d’animaux sont tués chaque jour dans le monde, 4000 tigres libres foulent majestueusement le sol de leurs rayures noires et fauves alors que 10 000 tigres captifs, ombres furtives d’un monde sauvage qui n’est plus, hantent les cages d’élevages aux Etats-Unis. Un singe capturé à l’Ile Maurice vaut 10 euros le kilo, avant de prendre l’avion d’Air France pour Strasbourg. Une fois enchainé dans la cage d’un laboratoire, la valeur marchande de ce même singe atteint les 5 000 euros. En refermant cet ouvrage ô combien porteur de sens à glisser dans toutes les besaces d’écoliers, le sentiment prédominant est l’envie de porter toujours plus haut la voix des sans voix. La tâche est immense, ces jeunes parmi tant d’autres nous ouvrent leur cœur, leur façon d’appréhender la peur, le danger, le regard des autres, les critiques, les railleries ; mais jamais le doute n’effleure leurs consciences loin d’être endormies. Ce qui les renforce dans leur engagement, c’est cette urgence d’agir au plus près de leurs convictions. Leur monde n’a de sens qu’en croisant le regard d’animaux libérés de toute entrave. La réalité est choquante, ces jeunes s’en emparent et ce livre atteste une fois de plus qu’aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années.