Hermin, maître de musique trouve refuge au fin fond du Bourbonnais pour se consacrer à la composition. Il y recevra un soir d’hiver la visite impromptue de l’un des ses élèves allemand, Lenny, son protégé, devenu virtuose qui lui annonce mettre un terme à sa passion. 10 années plus tard, les retrouvailles seront ponctuées de non dits, de reproches sourds et d’attentes avortées entre Hermin et le jeune Rimbaud pianiste.
Plantée dans un décor crépusculaire à la Bruegel balayé par la neige et baigné de clairs obscurs, Sarah Léon compose une bouleversante et tumultueuse partition à 2 chœurs, ou plutôt à 2 cœurs, sur fond de musique de Schubert omniprésente.
Pourquoi Lenny revient t’il après tant de temps, emmuré dans ses hésitations, sa pâleur extrême ? Celui que l’on surnomme « Wanderer », « cet homme qui avance au hasard et dont la marche constitue un but en soi », a quelque chose à dire.
La musique transcende et met à nu des douleurs sourdes. Là où les mots ont du mal à exprimer l’essentiel, la musique elle, libère. C’est ce que nous murmure Sarah Léon. Comme une fugue de choral, les voix de Lenny et Hermin s’unissent et se désunissent, courent l’une après l’autre pour tenter de se mettre au diapason, juste une fois. Se dire l’essentiel, y arriveront t’ils ? Comme en musique, les soupirs et les silences de ces âmes exaltées auront plus de sens que de simples mots.
L’accord parfait existe t’il en musique ? Et chez ces 2 hommes que tout attire et oppose en même temps ? « Wanderer » est un roman délicat, troublant, tendu à l’extrême et vibrant. A lire d’une traite, comme l’on écoute un lied de Schubert : pianissimo puis crescendo.