Le 25 mai 1983 lors du concours international d’architecture destiné à redynamiser le quartier de la Tête Défense, un homme et son projet séduisent et sortent du lot. Pourtant le Danois Johan Otto von Spreckelsen est un inconnu et n’a que 4 églises modernes et sa propre maison à son actif. Le personnage est attachant, plutôt serein, scrupuleux et éminent. Cet homme du Nord et ses sabots noirs qui résonnent à l’Elysée lors de grandes discussions avec François Mitterrand charment les esprits.

Son  rêve de marbre blanc à la fois cube géant et arc transformé en cadre prend forme sur le papier et sur les maquettes, tout en délicatesse et en nuances. Sans se douter alors de l’impensable douloureux et tragique chemin de croix dans lequel il va se lancer. Et se perdre. 

Par le biais d’une enquête minutieuse et haletante Laurence Cossé retrace dans cette fiction les étapes de cette épopée pharaonique hors du commun : par sa démesure architecturale, par l’intransigeance de celui que l’on nomme « Sprek » face aux imbroglios politico-financiers qui se jouent sans pitié dans l’ombre. La coordination du chantier est un chantier à elle seule.

 Le conflit est aussi celui de  deux cultures : l’une nordique protestante et rigoureuse et l’autre changeante et « latine ». De quoi éprouver la patience et la crédulité de l’homme.

Ce récit sobre et puissant tient en haleine par le biais d’une écriture forte et tendre à la fois envers l’architecte et ses rêves d’Icare.  Tout comme l’Arche, un colosse aux pieds d’argile. 

« Ses ailes de géant l’empêchaient de marcher » dira t’on de lui. Cela ne l’empêchera pas de donner le jour à une œuvre remarquée et remarquable, dont le vide architectural n’aura été plein que de ses espoirs envolés.

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