L’on connaît le sort funeste de Marie Antoinette et de son mari, le roi Louis XVI. Jusqu’à la lecture de ce journal imaginaire, on ignorait la destinée bouleversante de leur fille, Marie-Thérèse Charlotte, unique rescapée de 10 ans, fille un peu oubliée de l’Histoire.
Sa mère la surnommait, Mousseline la Sérieuse, un surnom bien doux pour une si tragique destinée. Napoléon dira d’elle « qu’elle est le seul homme de la famille ».
« Le 6 octobre 1789 signe d’une plume de sang le terme de mon enfance et flétri mon existence entière ». Après la disparition tragique de ses proches et la chute du Régime ainsi que 20 longues années d’exil, Mousseline n’aura de cesse de croire à une embellie.
C’est un témoignage unique que nous avons là: celui d’une enfant, mélange d’ incompréhension et de lucidité face au Mal. Sylvie Yvert nous plonge dans l’atmosphère oppressante de sa détention au fond d’un cachot grouillant de vermine au Temple. Le déchainement d’un peuple à l’allure de bacchanales déjantées fait froid dans le dos tout comme la mort lente de son jeune frère, « le chou d’amour », qui se consume à petit feu: autant d’ineffaçables cicatrices qui forgeront son caractère.
Ce journal est inspiré du testament que Mousseline voulait voir détruire après sa mort. Il est signé d’une plume élégante et forte, qui sonne juste, malgré quelques longueurs. Madame Royal est attachante et force l’admiration par sa résilience et sa combativité : c’est avant tout un témoin privilégié de cette époque. Selon Marie Antoinette, « c’est dans le malheur que l’on sent davantage ce que l’on est ». Sa fille le démontrera avec bravoure, détermination et force courage.