C’est  dans un pays en proie à la guerre civile,  que débute ce roman qui surprend dès les premières pages : un jeune adolescent mi-homme mi animal, sorte d’enfant sauvage, erre dans la forêt fuyant le chaos. Il renifle du groin, fouille sous les feuilles pour y dénicher sa nourriture, et pourtant il a le corps d’un homme. 

Candide et sans jugement sur ses pairs et le monde, Abel respire la terre, n’aspire qu’à être libre et jouir des grands espaces. Sa meilleure amie : une corneille. Adopté par deux frères il s’ouvrira à pas de loup. Son cœur et son espace vital il les confiera à une poignée d’hommes et de femmes, qui lui donneront le goût d’être humain. La vie vivante, le souffle, le mouvement et l’élan, voilà tout ce qui lui importe. 

Commencé comme une fable le roman de Sylvie Germain tend vers un réalisme hélas d’actualité, dénonçant avec une rare puissance poétique et dramatique, les drames de notre monde contemporain. «  Avec les humains tout est toujours compliqué, équivoque et souvent inquiétant » remarque Abel.

Dressant un portrait implacable de la nature humain, elle nous rappelle que la place de l’animal est tout aussi précieuse que celle de  l’homme sur Terre.  Notre animalité est en nous : c’est elle qui peut nous sauver.

La présence bienveillante de ce jeune homme solaire et lunaire qui échappe à toute convention nous fait du bien.  Avec un style somptueux, l’auteure nous rassure et nous tient chaud. On en ressort un peu consolés de ce monde qui est en vrac. Et si l’avenir était entre les pattes des animaux ? Une chose est sûre, je ne regarderai plus jamais un cochon de la même manière.

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