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Dans la moiteur d’une réserve Indienne à Ranthambore, un coup de feu fauche en plein vol une tigresse gestante : elle est abattue sous les yeux d’Isaac. Jeune français baudelairien et sans repères, il entame sa propre guérilla pour sauver le monde animal de la cupidité de l’homme et de son aveuglement à vouloir être le centre du monde. Remarqué par une grande ONG, on lui demande de devenir une créature de pure résistance, accompagné de son alter ego féminin Yumiko. Ils partent aux quatre coins de la planète régler leurs comptes contre l’ineptie humaine qui par abus d’anthropocentrisme, décime le monde animal à vitesse grand V.
De l’Alaska, à l’archipel de Taiji, de Paris à Bogota, du Congo à l’Ecosse, sur un bateau de Sea Shepherd ou au pied d’un barrage Chinois, du Vietnam à Vancouver, ce livre va vite. Très vite. Camille Brunel a cette urgence de nous dire les choses, sans plus attendre. C’est un premier roman âpre, violent, désespéré, ultra radical, mais aussi plein d’humanité. Il ne nous donne pas de leçon, il couche des idées argumentées sur le papier en faisant état de la domination dégénérée de l’homme sur notre bonne vieille planète Terre. Rarement j’ai eu entre mes mains un livre d’une telle force narrative et poétique. Un style sec et rapide, sans fioritures, on ne jette rien, on garde tout. Et la grâce aussi.
Ce livre est un électrochoc salvateur qui nous scotche sur place et sonne comme un roman d’anticipation. C’est la vision d’un monde qui s’écroule, où l’homme vole sa place à l’animal. Un pur roman d’action contre l’inaction.
Avant que la 6ème extinction de masse ne rase l’Eden, lisons ce livre, offrons le ! Il est fort, bouleversant, étonnamment naïf aussi. Une sorte de brasier d’illusions perdues avec son filet d’humour grinçant. Sans concession et apocalyptique, il dérangera non pas les âmes sensibles mais celles moins sensibles, totalement imperméables à la disparition et au pathétique arrêt du destin animal. Pour conclure Je redonnerai la parole à l’auteur lui même: «Moi j’ai remplacé Dieu par les animaux. C’est un sacré aimable et fragile. Ce bonheur qui est le comble de l’existence, c’est la vie sans la violence. C’est ce qu’il faut » Que l’auteur reçoive toute ma gratitude d’avoir écrit ce livre indispensable, plein de fureur et d’espoir. L’ombre et la lumière, comme le pelage rayé d’une tigresse.