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Prendre un bain de chants d’oiseaux pendant six minutes réduirait durablement notre taux de cortisol. C’est ce que préconise l’ornithérapie validée par nombre de scientifiques. À tous les explorateurs du bitume, ce superbe album documentaire démontrera que la ville n’héberge pas que du béton, du métal et des humains. L’immersion est totale, le concept couvé par 3 passionnés – un ornithologue, une graphiste et un développeur -. L’occasion de se reconnecter à la nature, tout en vivant en milieu urbain. Le livre donne à voir et à entendre 25 oiseaux citadins, grâce à un système très simple : on télécharge l’application gratuite, Birdie Memory, et en passant notre téléphone sur ces petites merveilles de dessins, ils s’animent et chantent. C’est superbe, et une excellente raison de rester « encore un peu » au parc.

L’enfant est invité à découvrir ces oiseaux par le biais de leurs chants ou cris : d’ordinaire il passe peut-être tous les jours près d’un nid sans savoir qui en est l’occupant. Une première double-page colorée de dessins plus vrais que nature les présente dans leur habitat – square, toits d’immeubles ou maisons- suivie d’une double-page explicative – description de l’espèce et de son environnement et particularités physiques.
Certains individus ont fait de la ville leur habitat principal ; vivre près des bipèdes permet aux opportunistes de trouver à manger facilement. D’autres y recherchent l’absence de prédateurs. Les hauts-reliefs comme les tours abritent le faucon pèlerin alors que le goéland moqueur délaisse notre littoral pour faire sa vie sur les toits. Si vous regardez bien les façades, vous y verrez le rougequeue noir alors que le faucon crécerelle squatte les vieux monuments. Platanes et marronniers hébergent le moineau domestique, la mésange bleue ou charbonnière alors que la corneille et la pie bavarde construisent leurs nids de branchage au-dessus du trafic des véhicules. Jardins privés ou squares sont prisés par le merle noir ou le rouge-gorge alors que d’autres espèces forestières solliciteront vieux arbres et bosquets des parcs, comme le geai des chênes ou la chouette hulotte.
L’ouvrage est remarquable : mise en page, qualité des textes et dessins et il ne vole pas sa sélection pour le Prix Maya 2026 ! C’est une expérience spectaculaire combinant lecture et numérique. Et contre toute attente, d’entendre le babil d’une délicate hirondelle de fenêtre sortir des pages et la voir s’animer avec ses ailes et le bec, donne l’impérieuse envie de fouler les pavés et de tendre l’oreille, d’ emprunter une paire de jumelles, ou de se lever aux aurores le nez en l’air. Un ouvrage idéal d’ éveil au monde qui nous entoure, soutenu par la LPO et convenant à tout public. Le papier s’anime, l’album devient outil pédagogique interactif et jeu de sensibilisation unique en son genre. La magie opère. Laissez un chant de martinet rentrer dans votre cuisine ou les notes cristallines du rouge-gorge redécorer votre intérieur !

L’album distille des conseils pour les ornithologues en herbe : ne pas déranger l’animal reste le maître mot. Si en le traquant on le fait s’envoler plusieurs fois, c’est qu’il faut laisser tomber. Cette invitation à apprendre à écouter est vitale. Pour nous – effets scientifiques à l’appui – et surtout pour eux. Ces alliés ailés n’ont pas leur pareil pour nous faire du bien mais ils disparaissent. Le pigeon autrefois héros de guerre est le mal-aimé. Écoutez-le roucouler. Vous n’avez pas envie d’aller voir ce qui se passe dehors ? À l’heure où le gouvernement part en chasse des oiseaux migrateurs, autorisant un droit de tuer 15 oiseaux par jour et par chasseur contre l’avis des scientifiques, directives européennes et décisions du Conseil d’État, chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Se plonger dans ce livre est presque un acte de résistance citoyen. La prochaine fois que vous croiserez l’élégante dame en noir – la corneille – relevez son numéro de bague qui sert à sa localisation, devenez une particule de la mémoire.
Pour éviter l’amnésie écologique, soyez-prêts à une immersion mémorable à l’effet boomerang : on y revient encore et encore. Les oiseaux sont de véritables indicateurs fiables de la santé de notre monde : apprendre à les reconnaître c’est déjà les sauver un peu. De la lecture à l’action il n’y a qu’un pas : celui de se sentir concerné par leur sort.