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Le protégé de Darwin n’était autre que le poulpe Aglaé, quant à Mozart et Lorenz, son étourneau, tous deux se la coulaient douce au beau milieu des partitions dans une complicité joyeuse et musicale. Dans la collection de docufiction jeunesse « Mon humain et moi », les Éditions la Cabane Bleue mettent en avant de façon savoureuse ces duos pas comme les autres. Toute l’originalité réside dans le regard que porte l’animal sur son être humain célèbre. Une approche inédite.
Le dernier opus est poétique et engagé. Artiste libre et excentrique, Joséphine Baker a partagé sa vie, la scène et la célébrité, avec une femelle guépard du nom de Chiquita. Elle scandalisera le Tout-Paris, terrorisera et fascinera l’entourage de l’égérie des Années folles tandis qu’une complicité farouche se tissera entre la femme et le félin. Le combat de l’icône pour la fraternité des peuples se nourrissait de son histoire personnelle mais aussi de son amour profond pour les animaux dont elle aimait à s’entourer au quotidien, en privé comme en public.
« Ma sauvageonne » susurre Joséphine Baker à l’animal. Un apprivoisement réciproque. L’une a quitté son pays pour oublier sa condition de descendante d’esclaves et forger une célébrité inégalée passant de curiosité exotique à vedette, l’autre se retrouve au milieu des déhanchés et du charleston, confondant parfois les herbes hautes d’un décor en carton avec une silhouette fantasmée d’impala. « Joséphine m’enseigne l’amour perdu de ma fratrie, et je lui rappelle cette animalité qui habite en chacun de nous » dit Chiquita.
Danseuse-née, toujours sur le devant de la scène, décorée de la médaille de la Résistance française avec rosette, de la Légion d’honneur, de la croix de guerre, Joséphine Baker trouvera dans le regard des bêtes une sauvagerie et une liberté chérie qui ne la quitteront jamais. « J’ai remarqué trop souvent combien les hommes, les femmes qui n’aiment pas les bêtes, peuvent perdre le sens humain, le sens de la vie »
Emmanuelle Grundmann est biologiste, primatologue et reporter animalière. Convaincue de la nécessité de défendre la biodiversité, elle œuvre à la défense d’espèces menacées. Elle signe ici des textes engagés empreints de nostalgie n’omettant jamais de souligner combien la savane manque au fauve, que sa place n’est pas dans une fosse à orchestre mais bien tapie dans les herbes hautes africaines à rêvasser d’une impala ou d’un koudou. Les illustrations et compositions poétiques sous les crayons de Maguelone du Fou, déversent une palette de couleurs chaudes et lumineuses sublimant cet album aux traits enlevés, en harmonie et adéquation parfaite avec les Années folles.
Les Éditions La Cabane Bleue ont reçu en 2023 le label Initiative Remarquable : une distinction reconnaissant un impact positif sur le plan territorial, environnemental, social et sociétal. Leurs ouvrages pour la jeunesse invitent les enfants à prendre soin de notre belle planète bleue. « JOSÉPHINE BAKER ET MOI est aussi et avant tout un appel poignant à la liberté.